MONTHERLANT Henry de

(1895-1972)

 

Romancier, essayiste, dramaturge et académicien français

 

Manuscrit autographe signé des initiales, « Adieu à l’Afrique », 1927, 5 pages dont 4 in-4 et 1 in-8 écrites au recto de 5 pages de brouillons autographes sur le port d’Alger.

 

« Mes passeports, en quelques heures, sont vérifiés longuement, à six reprises, par six gendarmes illettrés. Les femmes commencent à être jolies, car on ne voit plus de grues. Dans les autos-cars, les places les meilleures ne sont plus réservées aux théâtreuses qui, aux virages dangereux, papotent avec le chauffeur, et dont les bagages portent en grandes lettres : "Artiste" (tu parles !) et "Urgent" (les bagages du membre de l’Institut peuvent attendre). Maintenant, dans ces voitures, on prend des gens en surnombre. Comment refuser ? Tout est plus familier et plus bon-enfant. On est poli. On nous dit : "Monsieur", quand on vous parle. Si un homme du peuple, s’endormant au roulis de l’auto, laisse pencher sa tête qui va tomber sur ses genoux, son voisin, un monsieur très bien, que nous verrons demain dans les premières du vapeur, lui offre son manteau pour y appuyer sa tête. Si un indigène, sur la route, fait signe et demande à monter, le chauffeur, le car étant complet, ralentit, et de la main indique que c’est impossible, alors que les autres chauffeurs sans une exception, passaient imperturbables, comme s’ils ne voyaient pas, ou plutôt comme si un indigène n’existait pas... »

 

Intéressant manuscrit qui s’intitulera par la suite « Ceuta » (cf. « Un Voyageur et un Diable » p. 368 dans le recueil « Essais » de la Pléiade). Il est très travaillé, avec de nombreux ajouts, corrections et becquets.

 

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